Tick Tock n'est pas très costaud. Tick Tock n'est pas très endurant. Tick Tock n'est pas très doué. Tick Tock n'est pas particulièrement brave ou singulièrement intelligent. Tick Tock aurait été un enfant comme il y en a tellement. S'il n'y avait pas le coeur-horloge, on n'aurait même pas remarqué Tick Tock.

Les nerfs à vif mais l'esprit ailleurs. La mémoire vacillante, le coeur détraqué, la pensée confuse. Tick Tock ignore tout du bien et du mal. Tick Tock ne sait pas trop ce qui est grave ou pas. Tick Tock sait à peine dire quand il a mal, faim ou froid. Tick Tock est si jeune, après tout. C'est un enfant libre, élémentaire, naïf, un petit équilibriste en exercice sur le fil de sa conscience. Il est enseveli de manies, de chimères, de peurs, il court partout et court en lui-même.
Il parait un peu attardé, comme ça. On voit qu'il manque d'éducation, qu'il manque d'affection, qu'il manque de toutes les choses qui auraient pu faire de lui un homme. Si seulement il avait grandi. Mais Tick Tock ne grandira pas. Il n’y a pas de risque.

L'atmosphère du Pays de Jamais l'a complètement imprégné. Il idolâtre Peter de façon absolue, infinie. C'était déjà le cas dans le monde ordinaire, mais de cela la Grimace n'a plus conscience. Sa mémoire n'est pas seulement étiolée, amoindrie, elle s'est entièrement évaporée. Ses premiers souvenirs datent du jour du coeur-horloge.
Tick Tock est le sujet parfait. L'enthousiasme de Peter s'insinue en lui si aisément qu'on les croirait tous deux noués par quelque sortilège. Il adore les jeux, même les plus dangereux, braille avec les autres dans les gradins de l'arène, fonce dans le tas lors des abordages avec les pirates, s'enduit de peintures de guerre avec bonheur lorsqu'ils combattent les peaux-rouges. Il a peur, oh bien sûr qu'il a peur. Il a peur du Noir, des Horreurs, du Croquemitaine. Il quête la chaleur des mères plus que quiconque. Mais l'ambiance décalée, irréelle, inconsciente, que Peter a diffusé sur sa société juvénile s'est propagée en lui comme une drogue. Il participe à tous les jeux, se joint à toutes les aventures et se plie à tous les caprices de son roi. Il ne rechigne jamais. D'ailleurs, on n'a jamais vu Tick Tock râler ou trainer des pieds. Il n'est jamais las ou désenchanté. Jamais.

Tick Tock aime beaucoup de choses. Il s'amuse d'un rien. Tick Tock aime sauter dans les flaques, faire des concours de jet de pipi, s'empiffrer de fruits rouges malgré la dysenterie. Tick Tock aime les jouets et les histoires. Tick Tock aime l'eau, beaucoup beaucoup. Il prend un grand plaisir à se baigner, bien qu'il nage très mal et qu'il peine à rester à la surface. Tick Tock aime être tout nu. Sa mère, qu'il croit pratiquement être sa mère véritable, veille régulièrement à brider cette sale manie. En vérité, Tick Tock n'est pas particulièrement exhibitionniste, mais il a beaucoup de mal à s'habiller tout seul et préfère esquiver cette tâche ardue.
Tick Tock aime les fées, comme tant de jeunes gens. Il leur fait des compliments et essaye de les attirer à lui. Il envie Peter qui a sa propre fée.
Tick Tock aime aussi les peaux-rouges. Il rêverait d’être intégré à une tribu, en particulier celle du Corbeau. Il est plutôt impressionné par Corneille Ardente bien que le Chaman soit bienveillant à l'égard des enfants, et se cache souvent derrière Merle Oisif en sa présence. Une fois, Tick Tock a vu le scalp d'un Garçon qu'il connaissait à la ceinture d'un guerrier Piccaninny et il en fut à la fois terrifié et subjugué. Un peu comme lorsqu'on découvre un manège impressionnant dans un parc d'attraction. Il apprécie de danser et chanter à tue-tête avec les Delaware, bien qu'à son grand désespoir il succombe toujours de sommeil avant la fin de la fête.

Tick Tock, plus encore que les fées et les indiens, aime les esprits. Évidemment, il ne connait pas trop les grands. Mais les petits, les fumerolles, provoquent en Tick Tock une irrésistible attraction. C'est d'ailleurs plus de cela qu'il s'agit que d'une réelle affection. Tick Tock est hypnotisé par les esprits. Il semble que cette insolite connexion tire son origine, une fois encore, du jour du cœur-horloge. En leur présence, tout en Tick Tock se transforme. Son visage devient dénué d'expression, son corps comme mécanique, et il ne peut combattre le désir ardent de s'approcher d'eux, de les suivre jusqu'au bout du monde. Il se trouve que les esprits semblent l'aimer beaucoup aussi. Tick Tock les attire comme un aimant. Peut-être que sa nature mutée leur fait croire que Tick Tock est un peu l'un des leurs.

Tick Tock aime aussi détester les pirates et les adultes en général. Il aime cette passion de rage qui anime les troupes de Peter. Il aimerait bien avoir un pistolet ou une épée, pour de vrai. Il n'a jamais le droit.

Tick Tock, à cause de son coeur en toc qui fait tic, est spécial. Oh, si vous êtes un Garçon Perdu, vous avez forcément entendu parler du garçon qui fait tic toc. Vous savez, c'est celui qui crache sans cesse, qui vomit souvent, qui se consume en toux rauques et en sifflements bizarres, quand il ne défaille pas carrément. C'est celui qui garde un drôle de caillou brillant autour du cou, dont personne ne connait l'usage. C'est celui que Soul veut voir tout seul, pour ne pas l'embarrasser, pour ne pas effrayer ou répugner les autres. Celui dont on prétend qu'il s'est endormi au sein de la Machine, au troisième étage, l'étage des ferrailles qui fait muter les chairs, et que son intérieur tout entier s'est métallisé. Qu'il avait tellement mal qu'après s'être enfui en s'arrachant les cheveux, vieilli d'une année, il ne parvenait même pas à pleurer, à crier. Qu'il s'est évanoui au creux du Bois Joli, dans un parterre de fleurs au milieu des Sylvains, nu et sifflant, le squelette broyé par le métal. L'histoire ne dit pas pourquoi des fumerolles attendries, vraisemblablement appelées par les Sylvains, l'ont secouru. On raconte que l'une d'elles était liée à un jeune Delaware, et qu'elle a pris en pitié le petit corps mourant. La fumerolle a baigné, imbibé, enveloppé le petit corps avant de dissoudre le mal qui le rongeait. Toutefois, ledit mal était si profondément fusionné à son coeur que la fumerolle ne prit pas le risque d'agir sur cet organe. Le petit corps en trépasserait. Le petit corps fut ainsi sauvé. Le petit coeur, lui, demeura un engin biscornu. Un coeur-horloge.

Ainsi Tick Tock fait tic et toc. Les rouages de son coeur en métal résonnent à l'intérieur de sa cage thoracique jusqu'à atteindre les oreilles de ceux qui l'environnent. Il s'accélère lorsqu'il est gai, coléreux ou angoissé, et décélère lorsqu'il dort ou paresse. Le tic toc agace les autres enfants, bien souvent, alors Tick Tock est rejeté, bien souvent. Étrangement, il ne se formalise pas de ces réactions. Ce n'est pas son genre. Il réessaiera, encore et encore. Un peu comme les tout jeunes enfants accoutumés à vivre avec un handicap, une difformité quelconque, Tick Tock n'est pas spécialement honteux de son état, en dehors des moments où il se sent raillé, repoussé. Il veut faire comme les autres.
Qu'importe qu'il soit moins endurant à l'effort, qu'il se mette à cracher ou à saigner du nez — on ne se remet jamais vraiment d’une telle épreuve, car si l’esprit oublie, le corps garde. Il courra quand même. Qu'importe qu'il ne puisse pas manger de nourriture trop dure, trop filandreuse ou trop sucrée, que Soul ne lui autorise qu'un bol d'eau par jour et aucune goutte de lait — tout ça est trop dangereux pour son organisme aussi muté que traumatisé. Il bravera l'interdit pour faire comme ses camarades, qui lui donnent envie en plus, et en paiera les frais, entre coliques, vomissements et douleurs à s'en tordre le ventre. Qu'importe qu'il soit contraint de se reposer bien plus longtemps que les autres — risque de syncope — , ou que Soul doive vérifier l'intégrité de son horloge tous les jours — risque de paralysie, ou d'arrêt cardiaque évidemment — Tick Tock voudra toujours faire ce que les autres font, vivre ce que les autres vivent et ne verra jamais aucune différence entre ses camarades et lui. Il ne cherche même pas à prouver quelque chose, comme Pale par exemple. Il veut simplement suivre le mouvement.

Tick Tock est hardi, à sa façon. Même s'il pisse partout — il a beaucoup de mal à se retenir. Difficile de dire ce qui se passe dans sa tête. Un rien l'attire, un rien le rebute, un rien le fascine. Il est comme pas fini. Il ressent plein de choses, ne croyez pas le contraire ! Mais il est si petit, si infantile, c'est dur d'y trouver une logique stable, linéaire. Il s'exprime à sa manière, avec des dessins tordus à la craie, des chansons atonales parsemées de mots comme des jets de lave, avec un regard qui étincelle comme un milliard de bougies.

Tick Tock, malgré sa taille réduite et sa force non moins conséquente, ne craint pas de se bagarrer. Il se bagarre principalement pour des raisons matérielles, notamment les jouets qu’on lui arrache ou qu’on se refuse à lui prêter. Ce sera d’ailleurs bien plus propice à déclencher chez lui une certaine violence qu’une insulte ou une tape ! D’autre part, il redoutera bien plus les remontrances des Mères que les coups d’un Garçon. Lors des réprimandes, Tick Tock baisse les yeux et rougit, tentant à mi-mot de se défendre sans trop de ferveur.

Tick Tock capte tout, absorbe tout, comme une éponge. Il sera excité par une effervescence ambiante, endormi par une somnolence générale, paniqué par une angoisse diffuse... Les élans collectifs sont très effectifs sur sa petite personne.
Comme beaucoup d'enfants, il est influençable. Il voudra relever des défis juste pour montrer qu’il le peut, même si c’est juste pour amuser des garçons plus âgés – il n'a pas conscience de cela. Il voudra faire le grand, le costaud devant eux, en essayant de dissimuler ses peurs et de se donner un genre aguerri, plutôt maladroitement. Il lui arrive de mentir un peu.
Tick Tock se fera facilement corrompre ou manipuler. Il pavoise aussi devant les pirates lors des abordages, mais il suffira qu’un des forbans se mette à grogner pour qu’il décampe ou pousse un cri strident. Les plus grands enfants l’impressionnent facilement, et les mères ont quasiment atteint le statut d'archanges.  

Tick Tock hoquette quand il pleure et bave quand il rit. Il fait souvent sa mauvaise tête lorsqu’il est en tort, répliquant des « je m’en fiche ! » boudeurs quand on le menace. Il est assez gourmand, curieux, accommodant. L’une de ses habitudes tenaces est celle de se balancer d’un pied sur l’autre, notamment lorsqu’il observe l’activité de quelqu’un. Son visage est constamment agité d'expressions diverses, parfois peu naturelles. Des grimaces. Tick Tock est très expressif. Il est un grand amateur du tirage de langue compulsif.
Une autre de ses manies, plus fâcheuse, est la précipitation. Il ne sait pas aller doucement. Il se fait mal, se cogne, trébuche… Il n'entend rien à la patience ou la discrétion. Tick Tock ferait une proie facile dans la Jungle, tant il est bruyant et inattentif. La contemplation lui est aussi inconnue ; il n’est même pas très sensible à la beauté d'un décor. Certains lieux l'attirent simplement, sans qu'il sache pourquoi...

La seule véritable souffrance qu'il subit, bien qu'on ne saurait dire à quel point il en est conscient, c'est l'isolement dans lequel on le plonge chaque nuit. Son tic toc est si bruyant dans le silence nocturne que les Garçons de son groupe ont exigé qu'il soit placé tout en haut de l'arbre. Tout seul. Lui, son tic toc ne le gêne pas, il le berce, l'apaise. Mais les autres ont sont mystérieusement irrités. Au début, Tick Tock revenait chaque nuit dans la Cabane des... pour retrouver ses copains et sa mère malgré son rejet. A force d'être repoussé avec de plus en plus de hargne et de violence, il a fini par renoncer. Il serre très fort son doudou tout mou, tout usé (en forme de fantôme) et écoute son tic toc jusqu’à ce que le Marchand de Sable, lui, veuille bien de lui.

Tick Tock est crédule et il est indompté, Tick Tock est brutal et il est tendre, Tick Tock est intense et fragile. C'est une poussière dans l'univers. Poussière de rien, poussière d'étoile, poussière de grenier, poussière de rouille, poussière de fée.

La plus grande particularité de Tick Tock, c'est son cœur-horloge. Son cœur-horloge, en plus d'être douloureux, est contraignant. Il se doit d'être remonté régulièrement par son cristal-clef, mais le plus souvent c'est Soul qui le fait. Le coeur-horloge impose à Tick Tock un régime strict, sans trop de sucre ou d'humidité. Le coeur-horloge fait cracher, tousser, vomir ou saigner du nez Tick Tock, même s'il ne s'en inquiète jamais. Il est trop petit. Parfois même, son cœur-horloge fait partir ou ricaner les autres. C'est pas grave, Tick Tock reviendra toujours.

Tick Tock est extrêmement vulnérable depuis ce que la Machine a imposé à son anatomie autant que sous l’impact de la fumerolle sur cette dernière. En plus d’un transit bancal, il se fatigue très très vite, a la peau facilement marquée et se fait  régulièrement des foulures. Il est constellé de bleus et d'écorchures. Il lui arrive aussi de voir flou ou de ne plus rien entendre, signe que son horloge fonctionne mal. s'il n'est pas en train de jouer, il court rejoindre Soul ou Harmony.
Soul est ce qui s’apparente le plus à un père au sein du Grand Arbre, pour lui. Mais Tick Tock recherche l'affection de tous les grands garçons, Arrow, Scar, Sharpy, Freckles, Wise... A part ceux qui lui font peur, bien sûr, comme Teath et Bow. Il veut se faire bien voir. Parfois, Soul le garde avec lui lorsque Tick Tock n’est pas en forme, le contraignant à l’immobilité et l’empêchant ainsi de participer aux aventures. Lors des « courts-circuits » (comme dit Soul pour que le mot ne fasse pas trop peur), ces instants fugaces de douleur d’une intensité incroyable où Tick Tock se cambre, se tord et hurle à s’en déchirer les cordes vocales — encore une fois à cause du cœur-horloge — Soul accourt pour l'emporter. Il est parfois contraint de demander à Green de l’endormir avec un chiffon imbibé. Tick Tock n’est pas très capricieux, mais la privation ou la douleur le font trépigner. En dehors de Peter, Soul est certainement la personne qu’il admire le plus au monde. Il est très souvent jaloux quand Soul a des attentions particulières pour quelqu’un d’autre, et il sera même capable d’abîmer son horloge exprès pour qu’il s’occupe de lui.

Le thorax de Tick Tock est donc perforé d’un gros boulon circulaire enfoncé d’un trou en forme de triangle. Le petit cristal qu’il porte à son cou, et qui renferme l’âme de la fumerolle qui l’a sauvé, s’engrange parfaitement dans la petite cavité, qui se déverrouille lorsqu’on tourne le cristal brusquement illuminé. Une sorte de porte se dévoile et s’ouvre alors, révélant son étrange intérieur… Une fois cela fait, on se doit de remonter l’horloge afin qu’elle ne dérègle pas tout l’organisme de Tick Tock. Lorsque Soul est trop occupé, c’est un autre Soigneur, parfois Mary, qui s’en charge.
D'autre part, du fait que tout le coeur est en métal, il rouille. Surtout que Tick Tock adore l'eau. Voilà pourquoi il trottine régulièrement chez Harmony la chef des Artisans, afin qu'elle ou un de ses Garçons huile son bidule. Les Artisans et les Soigneurs sont ainsi ceux qui connaissent le mieux Tick Tock. Lui, il est bien trop malhabile pour faire partie d'un de ces groupes.

Tick Tock a un lien très particulier avec les esprits, depuis l’épisode de la Machine où il fut sauvé par une fumerolle. D'ailleurs, ses meilleurs copains sont clairement les Sylvains. Parfois, il part jouer avec eux et oublie de rentrer, et se fait gronder par Soul. Depuis qu’il a été envahi par l’énergie du petit esprit, son corps réagit immédiatement à une présence spirituelle, que ce soit une manifestation réelle ou un endroit imprégné. Ses cheveux prennent alors une teinte blanche, plus ou moins vive selon l’intensité de la charge spiritueuse, et certaines parties de son corps se couvrent de marques étranges, luisantes. Depuis ce jour et malgré sa débilité latente, Tick Tock est irrépressiblement charmé par les lieux naturels, notamment gorgés de magie, comme le Bois Joli ou les Galeries de Cristal... Les esprits le prennent également très souvent en amitié, le considérant comme une sorte de frère. A ses risques et périls.

Tick Tock fait tout le temps des grimaces. Il s'étrangle de rire à chaque fois, complètement déchaîné, quitte à se faire poursuivre par un plus grand excédé. De toute évidence, on sait d'où vient son surnom.

Il semblerait que Tick Tock ait un genre de trouble du spectre autistique qui n'a jamais été clairement défini. C'est pourquoi il aime les choses répétitives. Il raffole ainsi de tracer des formes géométriques, en particulier des ronds, à l'aide de sa craie (parce qu'il a une craie). Il le fait un peu partout (sol, murs, tables, arbres..). A l'inverse, les lumières trop vives, les sons trop forts ou trop aigus, les goûts trop prononcés lui sont intolérables, et certaines couleurs, visions, matières, odeurs, le dégoûtent. D'autres lui plaisent singulièrement.
Tick Tock ne supporte pas les matières crémeuses (il ne sait pas s'il doit avaler ou mâcher) et supporte encore moins de voir quelqu'un en manger. En revanche, la boue, la terre, la morve, et autres substances répugnantes ne le repoussent pas du tout.
Tick Tock est profondément dyslexique, parce que sous ses yeux tout est différent. Certaines couleurs le rendent triste par exemple, alors quand il est triste il dit "Je me sens orange". C'est valable pour toutes les émotions. Les lettres lui évoquent des formes ou des paysages, aussi il ne parvient pas à les assembler pour former un mot. Il ne sait pas non plus très bien compter. Il pense que quatorze est le nombre maximum possible.

Tick Tock est convaincu que les fantômes des enfants demeurent auprès du Grand Arbre. Lorsqu'il se rend près des petites tombes, il les entend murmurer. Il voit même parfois des formes vaporeuses, très fugaces, qui disparaissent dès lors qu'il tente de fixer son regard dessus. Il essaye souvent d'aider Ash, qu'il considère comme "la maman des morts" à s'occuper des enfants, en lui posant beaucoup de questions inquiétées (ont-ils froid ? ont-ils peur ? se sentent-ils seuls ? est-ce qu'ils y voient dans le noir ?). Il n'a pas peur. Quant à savoir si ce qu'il voit et ce qu'il entend est vrai... Qui sait.

Tick Tock, à cause de la matière de son coeur, est particulièrement lourd.
Tick Tock a la peau hâlée, mais ses origines restent énigmatiques. Certainement l'Amérique du Sud. Il parle anglais, en tous cas.
Tick Tock rêve de voir le Père Noël. Mais il n’ose pas aller dans la montagne tout seul.
Tick Tock s'est trouvé un oranger non loin du camp, avec lequel il a tissé des liens très fort. Il l'aime, lui parle, et l'appelle Xururuca. Il prend grand soin de ce petit arbre.  
Tick Tock a une grande soeur (Crimson) qui se prend pour le Petit Chaperon Rouge et est convaincue que lui-même est la réincarnation du Petit Poucet. Elle l'oblige à semer des cailloux pour retrouver son chemin, et le gronde très très fort lorsqu'il oublie. Tick Tock a oublié son lien originel avec elle et pense plutôt qu'il s'agit d'un genre de jeu. Il l'aime quand même, puisque Crimson l'aime aussi.

Tick Tock a eu beaucoup de mal à trouver un groupe à son arrivée. Il n’est très efficace nulle part, pour tout dire. Son premier groupe fut celui des Livreurs, mais dès qu'il allait à la Rivière il passait son temps à barboter. Alors Peter l'a poussé chez les Récolteurs.
Tick Tock est aussi très impressionnable, il imite sans cesse ce qu’il voit. Les plus grands sont régulièrement des modèles pour lui — le principal restant Pan — ou bien ils lui font peur. Il craint également beaucoup les animaux, même les plus petits, même les insectes. Tick Tock a peur des insectes, en particulier ceux qui volent. Il n’aime vraiment pas ça. A part peut-être les fourmis. Il ne sera pas du genre à suivre un papillon. Il ne connait pas non plus très bien le nom des animaux.

Tick Tock est infiniment sensible à la musique. Écouter une mélodie le rend statique, absorbé, comme sous hypnose. Il peut se mettre à trembler à l'entente d'un morceau émouvant ou véhément. En outre, son tic toc s'accorde en rythme à la musique qu'il entend, ce qui est assez rigolo.

Tick Tock rigole vachement quand on dit des mots comme “prout”, “caca”, “sein”, “fesse” ou “zizi”. Il n'aime pas trop se laver ou se peigner. De manière générale, il rit beaucoup, pleure beaucoup, parle beaucoup, crie beaucoup, s’agite beaucoup… et ainsi de suite.

Tick Tock adore jouer du tambour.  Pendant un temps, il se précipitait chaque jour à la Salle de Jeux et gardait jalousement le petit tambour. Un Artisan a fini par lui en confectionner un qu'il adore profondément. Il est assez irritant avec ça, surtout qu'il ne sait pas vraiment en jouer.
Un autre de ses jeux est celui de « on disait ». On disait que j’étais ça… On disait que y avait ci… On disait que.

Tick Tock idolâtre complètement Peter. L'effet que l'île et son maître ont sur lui est absolu.  Quand il est seul ou en compagnie de petits comme lui, il aime beaucoup jouer à être Peter Pan. Dommage que la plupart des enfants veuillent qu'il fasse le crocodile...
Il apprécie globalement d'imiter Peter – pour ça qu’il a une plume dans les cheveux, bien souvent. D’autre part, lorsque le Roi lui témoigne une quelconque attention, que ce soit une remarque anodine ou un compliment, la chose est du plus grand effet sur Tick Tock qui s’arrangera alors pour le faire savoir à tous ceux qu’il croise de façon plus ou moins subtile.
Dans le monde ordinaire, il adorait les feux rouges. Il était aussi passionné par les petites voitures et les dinosaures. C’est étrange de penser qu’à présent, les voitures ne sont qu’une idée ancienne dont on sait vaguement qu’elle a existé, à l’inverse des dinosaures bien réels.

Peter appréciait pendant un moment de le mettre en première ligne lors des attaques, prenant toutefois le soin de le dissimuler derrière lui ou même dans une caisse ou un sac, car son tic toc angoissait le capitaine Hook. Mais le Crochet a fini par comprendre la mascarade et cherche régulièrement à étriper Tick Tock. Celui-ci n’ose pas désobéir à Peter mais au fond, il est terrifié, même s’il fait semblant d’en rire – son rire a d’ailleurs quelque chose de très nerveux à ce propos, un peu frénétique.

Le costume d’animal de Tick Tock, puisque beaucoup d’enfants en ont un, est celui d’un raton laveur. Il aurait préféré celui d’un lion ou d’un ours comme Clumsy, mais il n’a pas pu choisir. En dehors de cela, lorsqu’il n’est pas nu, il porte quasiment exclusivement des salopettes car c’est le seul vêtement qu’il n’arrive pas à ôter, et que les mères lui imposent donc.

Tick Tock se parle beaucoup à lui-même, pour se rassurer ou se gronder.. Il lui arrive de parler de lui à la troisième personne, aussi. Il part du principe que tous les jouets sont vivants — il semblerait même que c’était le cas dans le monde ordinaire — et converse régulièrement avec eux. Il se montre alors particulièrement paternel et autoritaire.  

Tick Tock n’a aucun sens de l’orientation. Il pourrait se perdre à dix mètres du Grand Arbre. Il n’a pas non plus la notion du temps. Si on dit « demain » ou « l’année prochaine », Tick Tock mesure à peine la différence. Les pièges lui sont souvent fatals, y compris ceux de la nature tel que les plantes carnivores, les toiles d’araignée géantes, les sables mouvants, les chants de sirènes ou les rondes de fées. Il n’a pas beaucoup d’instinct.
Tick Tock a l’habitude, en revanche, d’accourir à la rencontre des Éclaireurs lorsqu’ils reviennent au camp, en leur demandant ce qu’ils ont vu.

Tick Tock zozote un peu. Lorsqu’il est échauffé, il a du mal à ordonner ses phrases et butte sur les mots, ce qui peut être assez agaçant pour qui l’écoute. De même que certains mots sortent parfois très bizarrement de sa bouche. Un coconeuil est un écureuil, un tabouet est un tabouret, une manoiaise est une mayonnaise… Et autres fantaisies, très récurrentes dans son langage fleuri.

L’histoire préférée de Tick Tock est celle de Pinocchio.

Son seul univers. Tick Tock a l’avantage de l’âge, qui fait qu’on s’adapte vite et qu’on oublie encore plus vite. Neverland est un endroit de rêve, dans le sens le plus strict du terme. Pays d’effroi, de plaisir, d’incertitude, de merveille, dans une immuabilité perpétuelle qui pourtant change constamment. L’île ressemble beaucoup à son esprit, en fin de compte.

On ne peut regretter ce qui n'existe pas. Depuis le coeur-horloge, Tick Tock a tout oublié. Pas seulement le temps où il était un oiseau, bien que ça le gratte encore entre les omoplates — voyons, vous n’ignorez pas que tout enfant a d’abord été un oiseau. Bizarrement peut-être, il n'a jamais démontré une quelconque curiosité à propos de son passé. L’oubli l’a préservé à jamais des remords, et les rares manques qu’il pourrait éprouver lui sont foncièrement inconscients. Quelle chance d’avoir six ans !

C'est son idole. Comme tant d'autres enfants, Tick Tock voit en Peter Pan l'enfant le plus heureux et le plus merveilleux du monde. Il vole comme personne, se bat comme personne, il n'a peur de rien, même pas du capitaine Hook ! Chaque jeu, chaque lubie, chaque aventure proposée par Peter, Tick Tock y prendra part. Il n'aurait même pas l'idée de remettre en question une décision du Roi. Si Peter prétendait que la mort de son meilleur copain est drôle, il est certain que Tick Tock se serait mis à rire. Il n'y a que lorsqu'il se trouve auprès de ses petits compagnons immatériels qu'il oublie un peu l'Enfant Roi.

Tick Tock courait à en perdre haleine, étranglé de rire. Son nouvel ami était plus rapide que lui. Le Sylvain était apparu tout près du Grand Arbre alors que Tick Tock entreprenait de nettoyer ses chaussettes dans une flaque crasseuse, sans comprendre pourquoi l'affaire n'aboutissait pas au résultat escompté. Puis, il l'avait aperçu. Un sourire presque plus grand que son propre visage avait rehaussé les bordures de ses lèvres et, abandonnant ses chaussettes dans la flaque, Tick Tock avait couru vers lui. Des mèches argentées parsemaient d'ores et déjà sa chevelure. Par chance, la plupart des enfants paressaient ça et là sans prêter attention à celui dont, d'ordinaire, on remarquait toujours la présence.  

Tick Tock s'était alors enfoncé dans la Jungle. Si ça avait été la nuit, il aurait été plus réticent. Mais il faisait jour et la jungle avait des couleurs si chatoyantes que le danger en devenait invisible, étouffé.
Le Sylvain progressait vite, et le tic toc de Tick Tock grimpait en cadence à mesure qu'il s'essoufflait à la suite de la fumerolle. Mais Tick Tock n'avait même pas conscience de l'effort extrême qu'il infligeant à son corps. Il ne voyait que le petit esprit. Il aurait perdu un pied en route que cela ne l'aurait pas perturbé.

Puis, alors que le Sylvain l'avait mené au sein d'un lieu particulièrement luxuriant, envahi par une végétation dense et prolifique, l'être disparut. Tick Tock eut un hoquet de surprise et regarda tout autour de lui. A présent qu'il se trouvait seul au cœur de la jungle, la panique menaçait de le submerger. Son tic toc s'affolait. Il se mit à sangloter doucement, mordillant ses doigts sous l'effet de l'angoisse, trépignant d'un pied sur l'autre. L'une des bretelles de sa salopettes lui tombait sur le bras. Il ne portait rien dessous et la peur lui donnait froid. D'ailleurs, la nuit tant redoutée commençait à tomber. Tick Tock finit donc par se réfugier sous une grosse racine, recroquevillant son petit corps contre lui.
Il ne remarqua pas les marques qui commençaient à luire sur sa peau mate. Tracés blanchâtres, sur les bras, les jambes, le dos, les joues. Il ne remarqua même pas tout de suite que son caillou s'était illuminé. Ce fut pourtant un éclat étonnant, très beau, qui lui fit relever la tête. Et, aussi, sécher ses larmes.

Des dizaines, puis des centaines de petits Sylvains s'étaient attroupés autour de lui. A première vue, ils étaient tous semblables, mais Tick Tock parvenait d'un seul coup d'oeil à les différencier. Ils se mirent alors à faire grincer leur tête, provoquant ce petit son boisé aussi délicat qu'insolite. Tick Tock rit doucement. Il ôta sa salopette pour être au plus proche de l'état de ses compagnons et son tic toc se joignit à leur mélodie bizarre. La chevelure de Tick Tock était, à présent, entièrement blanche. Son cristal étincelait dans la pénombre du crépuscule.

Tick Tock demeura un long moment auprès de ses amis. Il joua, écouta, parla, il ne songea même plus à avoir peur. Au bout d'un moment, alors que l'Esprit Nuit s'était largement étendu sur le ciel, il s'endormit. Son cristal avait continué de scintiller. Sa chevelure était restée nacrée, et les symboles qui constellaient son épiderme n'avaient pas faiblis. En vérité, ils étaient si brillants, si attrayants dans la nuit noire qu'ils attirèrent l'Esprit Lune lui-même. L'Esprit s'était doucement approché de la silhouette assoupi de l'enfant-fumerolle. Il s'était alors lové autour de lui, embrassant son petit corps d'une étreinte extraordinaire dont, pourtant, le petit corps ne saurait jamais rien.

Car lorsque Tick Tock s'éveilla au matin, frottant ses yeux bouffis et lapant l'eau d'un ruisseau pour se rafraîchir, il n'y avait plus trace de l'Esprit Lune. Ni même des Sylvains. Ne restait que le premier, son petit feu follet, qui l'avait mené jusque là et s'apprêtait à le ramener chez lui. Jusqu'à la prochaine fois.

Tick Tock zozotte. Tick Tock suce son pouce et a un doudou en forme de fantôme. Tick Tock porte des salopettes ou rien du tout. Tick Tock adore l'eau, les jouets, les aventures, et plus que tout Tick Tock adore Peter. Tick Tock a peur du noir et des insectes. Tick Tock est un fieffé chapardeur et un grand curieux. Tick Tock fait tout le temps des grimaces. Tick Tock est l'ami des esprits, qui blanchissent sa chevelure quand ils sont près de lui.

Oh, et Tick Tock a un coeur-horloge.