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Petit roi du monde
Petit roi du monde

☽ Artifice ☾

ADMIN


✘ CONTES : 182
✘ AGE DU PERSO : 112 ans

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MessageSujet: Salvo   Salvo Empty22.08.22 17:41

TW : Cette fiche évoque la dure réalité du traffic sexuel. Il n'y a aucune scène crue mais certains propos peuvent être difficiles, même si j'ai fait attention. Cela fait longtemps que je veux faire un personnage comme Salvo et jusqu'alors je n'ai jamais osé, j'espère qu'il trouvera une place parmi nous.



La Flamme


Les Trucs

Surnom : la Flamme
Groupe : Garçons Perdus
Age : 17 ans
Rôle : Chef des Armuriers


Anchaly

Ça fait une heure trente qu’Anchaly attend. Il a l’habitude, avec toi, mais l’agacement lui fait grincer les dents. Faudra pas qu’il le montre, ça suffirait à te faire fuir pour de bon, mais il est fatigué. Tout en se massant la tempe, il ouvre une cannette de soda et adresse un énième regard à l’horloge moche épinglée face à lui. L’aiguille des secondes produit un son désagréable qui ne fait qu’attiser son irritation.

Enfin, le visage attendu daigne passer la porte du minuscule bureau aux murs d’un blanc dégueulasse. La silhouette est élancée, parait plus grande qu’elle ne l’est. Elle détonne un peu dans la pièce trop sobre, comme si elle venait d’un autre monde. C’est peut-être celui qu’on appelle « le monde de la nuit ». Ton monde.

Assieds-toi, indique Anchaly, tout juste assez sec pour que tu comprennes qu’il a pas envie de rigoler aujourd’hui.

Tu s’assois. Ton visage, vaguement amoché au niveau des lèvres, diffuse toujours la même expression bouffie d’une assurance écorchée, un savant mélange d’indifférence revêche et de défi tranquille, vaguement amusé, vaguement désinvolte, vaguement pas vraiment là aussi, qui pour Anchaly, ne suffit plus à masquer l’épuisement qu’il voit suinter des traits tirés du gamin de dix-sept ans que tu es.

Bon, Sangha.

Le visage le fixe, le même demi-sourire aux lèvres, cheveux noirs plaqués en arrière, quelques longues mèches revêches barrant le regard de braise. Le visage attend la suite sans la redouter, sans l’espérer non plus, puisqu’il sait déjà ce que l’adulte va dire. Et que ça fait longtemps que ce que les adultes disent, surtout ces adultes-là, ça glisse sur ta peau striée de petits trous usés.

T’en as pas marre de te foutre dans la merde ?
Je peux avoir mes médocs ?
Sangha.

Le visage souffle avec véhémence, le corps s’avachit un peu plus sur la chaise et regarde le plafond. T'en as déjà marre d'être là. Alors que y a que là qu'on se soucie vraiment de toi.
Tu portes un vieux jean large soutenu par une grosse ceinture, un débardeur blanc qui laisse saillir tes muscles fuselés, des colliers d’argent en toc, du maquillage autour des yeux. Pas mal de tatouages. Pas mal de cicatrices. Et puis les petits trous.
Le visage se repenche, lançant un regard torve à son interlocuteur.

Anchaly, tu singes, sauf que ton ton à toi est un peu narquois.

Tes yeux de feu se fondent dans le regard froid du responsable du centre, qui cherche encore quels mots arriveront à atteindre cet espèce d’ouragan immobile, de statut de cire ingérable, ce garçon de cristal.

Tu étais où pendant quinze jours ? Tu n’es pas venu chercher ton traitement, on t’a appelé des dizaines de fois.
J’ai perdu le téléphone.

C’est sûrement vrai. Tu perds tout, tout le temps. Toi-même, déjà.

Il t’est rien arrivé ?

Le visage se fend d’un vaste sourire, puis tout le corps est secoué d’un grand rire, toujours le même rire, celui qui envahit tout, masque tout, éteint tout. Surtout les questions. Anchaly continue de te fixer sans ciller, sans rire non plus, attendant patiemment que le silence revienne, quand tu te fatigueras. Et le rire s’éteint de lui-même, avec quelques soupirs, quelques larmes, aussi artificielles que tout le reste.

Je peux avoir mes médocs. S’il te plait.
Sangha. Ça sert à rien de te donner ton traitement une fois par mois. Tu veux crever ?
Bah non.

Tu réponds par principe, tu t’en fous un peu. Tu t'en fous de tout.

Tu veux pas rester un peu, cette fois ? Prendre le temps de te poser, de manger, boire ― de l’eau j’veux dire. Dormir. Te faire soigner, pour de vrai.
Ha ha ha ha. Je sais pas. J’ai pas le temps.
T’as pas le temps ? Tu t’fous de ma gueule ?

Tu souris mais baisses les yeux, te force à pas ricaner.
T'as toujours envie de rire quand on parle de trucs sérieux, c’est pas ta faute, c'est mécanique, tu peux pas t'en empêcher.

T’as pas le temps de guérir du SIDA ?

Le sourire tremble un peu, là.

J’ai pas dit ça.
T’as dit quoi ?
Je sais pas.

Anchaly passe ses mains sur ses traits fatigués. Tes fuites incessantes le crispent de l’intérieur. Au centre, y a que lui qui y arrive encore. Les autres lui disent de lâcher, abandonner, qu’on peut rien faire face à un gosse qui veut pas être sauvé. Sûrement que c’est trop tard, d’ailleurs, il est trop cassé. Y'en a d'autres qui valent plus le coup. Pas lui, pas Sangha. D'ailleurs il fait aucun effort. C’est bien connu, que ces gamins-là font pas d’efforts, que c'est un peu de leur faute s'ils en sont là, et que d'ailleurs ils sont pas si mécontents, sinon ils seraient moins chiants. C'est bien connu, puisque tout le monde le dit.

Bon. Je vais te donner du matos.
Cool.
Quand tu n’en as plus, tu reviens.
Ouais.
Tu le feras ?
Ouais ouais.
Sangha, c’est pour ta santé que je dis ça. C’est pour toi. Un jour ça pourrait très mal terminer.
Ouais.

Anchaly se lève, se retourne et se dirige vers une armoire en fer blanc. T'en profites pour jeter des regards flegmatiques autour de lui, à la recherche molle de quelque chose à choper. Quand tu croises le regard d’un intervenant posté à l’embrasure de la porte, tu mimes un bisou, et le mec détourne les yeux, plus soûlé qu’embarrassé. On s'en formalise plus, de tes provoc puériles.

Bon, je te rappelle que c’est pour réduire les risques. C’est pas pour faire n’importe quoi, ajoute Anchaly en venant se replacer à son bureau, une pochette plastique remplie dans les mains.
Ouais.
Une seringue, ça s’utilise UNE fois, Sangha. Okay ?
Je sais.
Tu dis que tu sais mais tu le fais jamais, Sangha. Tu donnes tout, tu prêtes tout, tu gardes rien, et tu te retrouves à partager n’importe quoi avec le premier venu.

« Ton corps pour commencer », Anchaly a failli ajouter, mais il l’a pas fait. Le moindre mot de travers peut faire décoller l’oiseau de nuit à jamais. Il a mis trois ans à obtenir ta confiance. Trois ans de parades, de tests, d’obstination, d’échecs dramatiques et de victoires intimes. De foi, aussi. Beaucoup de foi.
Anchaly observe longuement la jeune, si jeune silhouette qui lui fait face, tandis que tu ranges la pochette dans ton sac à dos, en même temps que les cachets et les préservatifs qu'on te donne gratuitement ici. Le pli de tes coudes est constellé de petits trous rougeâtres, voire noirâtres, ou de bleus, de griffures, de traits de tatouages parfois ratés, de cicatrices plus ou moins boursoufflées, de brûlures de cigarettes.
Toute ta vie est racontée sur ton corps, qui par miracle tient encore debout. Anchaly revoit le gamin perdu qu’il a connu il y a trois ans, T'en avais quatorze, et à part des centimètres et des trous supplémentaires, rien n’avait vraiment changé. Rien n’allait certainement changer.

Sangha, je crois en toi, tu sais.

Nouveau rire. Celui-ci masque l’embarras.

Je suis sérieux, Sangha. Sangha. Sangha, regarde-moi.

Tu hésites, ton regard se disperse, s’angoisse, s'enfuit, mais finit par céder et se plonger dans les yeux de l’adulte. Les yeux ressemblent à des mains en cet instant, des grandes mains qui le retiendraient fermement par les aisselles pour lui éviter de tomber dans le vide. Mais le vide, Sangha, t'aimes trop ça. Tu te débattras davantage pour lâcher que pour tenir. Anchaly le sait.

Tu peux t’en sortir, tu sais.

Nouveau rire. Celui-ci masque le scepticisme.

L’incrédulité même, la moquerie, le cynisme. La mort de la foi. Tu ne crois en rien, toi. Encore moins en toi, encore moins à une autre vie, encore moins à un lendemain. Ça fait longtemps que t’en as plus besoin.
Doucement, Anchaly attrape ta main fine et veineuse, aux ongles recouvert d’un vernis écaillé. Mais tu la retires d’un coup sec, et cette fois c’est l’effroi qui traverse ton regard d’ordinaire si assuré.

Tu fais quoi, putain ?

Ta voix s'est éraillée.
Anchaly abaisse immédiatement le bras.
Son élan n’était pas malveillant, il le sait, mais il sait aussi que tu ne réfléchis pas comme lui, pas comme ça, que tu ne peux pas. Tu ne peux pas savoir qu’il existe des gestes et des contacts purs, qui n’attendent rien, ne désirent rien, rien d’autre que t'apporter un morceau de chaleur dans ton monde glacé. Tu ne peux pas savoir que les adultes ne font pas que dévorer des enfants, du regard ou des dents.
Anchaly lui, le savait pourtant. Il s’en veut, parce qu’il suffit d’une erreur pour tout écrouler. Il s’en veut, parce que tu as eu peur de lui, et que c’est la première fois. Que ça suffira pour te faire t’envoler, avec tes ailes de cire qui fondront au soleil et te plongeront dans la nuit, la vraie, pour l'éternité.

D’ailleurs, tu le scrutes d’un drôle d’air maintenant, comme si tu essayais de sonder quelque chose, de deviner une pensée profonde, dissimulée, insidieuse, alors que rien de tel n’existe dans l’esprit d’Anchaly. Rien d’autre que l’espoir et le désespoir qui se chevauchent incessamment et lui causent ses interminables migraines. Peut-être qu’il faudrait juste qu’il arrête. Peut-être que c’est vrai, qu’il y a plus rien à sauver.

Tu. Tu veux que je te suce ?
Arrête.
Ben dis-le, qu’est-ce que tu veux ? Y'a pas de problème. Tu veux que je...
Arrête !!

Anchaly s’est levé.
Debout, surmontant de tout son poids et de toute sa hauteur le corps gracile du garçon désaxé qui lui fait face, il se sent bien plus menaçant qu’il ne le voudrait. Il sent, aussi, dans ton regard, que l’enfant que tu es ― car tu en es un, tout juste encore un ― ne comprend rien. Il ne comprend rien des intentions simples et des relations inoffensives. Il ne comprend rien de la normalité, car pour lui tout est déformé, malhonnête, sournois, tout est transactionnel. Rien n’est innocent. Rien n’est normal. Rien n’est gratuit.
Alors bien sûr qu'il ne comprend rien quand un homme lui effleure la main.

Désolé de t’avoir fait peur, Sangha, se reprend Anchaly d’une voix douce et sourde.

Nouveau rire. Celui-ci masque la honte.
Mais tu ne répondras pas.
D'ailleurs tu ne le regardes plus, tu fixes tes ongles, tu fixes le rien.

J'espère qu'il ne s'est rien passé de grave ces derniers jours. J'espère que t'étais pas à la rue.

Tu ne réponds pas, t'as pas envie, Anchaly l’a compris.

Ce serait bien que ... Il faut trouver les bons mots, ceux qui ne raviveront pas les plaies ouvertes, mais ne les dédramatiseront pas, parce que c'est toujours ce que tu fais Sangha, ta vie n'est pas un drame, juste un beau fracas. Ce serait bien que tu évites certaines situations. Par exemple... Quand un type te propose de monter dans sa voiture... Ou d’aller chez lui après le club...  Ou la rue... Enfin bon. Tu sais, tu peux juste courir quand un mec comme ça essaye de t'avoir. Tu cours. Tu sais courir non, Sangha ? Il parait que tu cours super vite.
Oui.

Anchaly sent bien que c'est mort.
Il tente un dernier truc sans y croire, une immense fatigue vient de tomber sur lui.

Tu, tu veux une chambre pour cette nuit ?
Non, ça va.
Tu vas dormir où, chez ton ma... ton souteneur ?
Chez Tyler.

Anchaly redresse vivement la tête.

Tyler ? Je croyais que tu le voyais plus ?
Ouais mais non c’est bon.
Quoi, c’est bon ? Sangha, il t’a éclaté la tête contre une vitre. Il t’a roué de coups en pleine rue parce que t’as embrassé un autre gars. Il t’a v...
Non mais il a changé. Enfin il va changer. Il m’a dit qu’il regrettait et tout.
Sangha... C’est pas la première fois qu’il dit ça. Il recommence à chaque fois. Et c’est pas non plus le premier mec avec qui tu sors qui te traite comme ça.

Tes joues rougissent légèrement. Mais ton sourire est toujours là.

Je l’aime.

Anchaly lâche un soupir si lourd qu’un brouillard opaque pourrait sortir de sa bouche. Il ne relève pas. Il n’a plus la force. Il sait que ton besoin d'amour est aussi insatiable que tout le reste. Que c’est peut-être même le cœur du problème. Que ça fait trop longtemps que tu aimes tes bourreaux, que ça fait trop longtemps que tout est à l’envers dans sa tête, que tu te nourrira toujours d’un amour fait de feu et de cendre, quitte à t’en brûler la chair jusqu’aux os, puisque c’est le seul que t'auras.
Anchaly baisse les yeux.
Au moins, tu sais qu’il existe, qu’il est là, que dans ce monde qui ne cesse de te consumer, il y a quelqu’un qui ne le fait pas.



Donnie

C’est vendredi soir. Le club est plein à craquer de jeunes friqués, de touristes échauffés, et de quelques habitués. Quelques vieux aussi, qui savent déjà ce qu’ils vont trouver. Dans cette foule bariolée, qui ne change quasiment pas d’un soir à l’autre, un petit groupe de garçons à l’allure soignée occupent un petit carré, saturé de la lumière pourpre dans laquelle le club est plongé. La musique pulse à leurs oreilles, les boissons s’enchaînent, les traces aussi, les pilules, les regards. Les gars aussi, pour toi, Sangha.

Tu es au centre, les conversations disparates qui fusent autour de toi s’écaillent dans le brouhaha ambiant aux allures de rythme cardiaque affolé.
Tu sondes la foule de ton regard flamboyant, qui sait tout autant qu’eux ce que tu vas trouver. Tu te vois depuis trop longtemps traqueur alors que tu es traqué, d’ailleurs c’est pareil pour toute la bande, vous êtes là pour gagner, des thunes, des prods ou de l’intérêt, ça fait longtemps que c’est du pareil au même pour ces sales gosses égarés.

Regarde-le, celui-là, dit Chhay, le plus âgé, dont la peau du visage est un peu boursoufflé par les substances qu’il s’enfile à longueur de journée.

Tu l'avais déjà repéré. Tu ne dis rien, mais un petit sourire a déjà éclos au coin de ses lèvres.

Lequel ? demande Sovann, le plus innocent peut-être, autant qu’on peut le rester.
Bah le blanc, avec le chapeau. Les lunettes de soleil.
Y’a vraiment qu’eux pour porter des lunettes de soleil dans un club...  

Tout le groupe s’esclaffe, tous à part toi, qui n’as pas quitté le vieux des yeux. Les bras étendus de part et d’autre du canapé, jambes écartées, tes éternelles mèches retombant sur ton front moite, tu sens monter en toi cette fameuse bouffée d’excitation, de puissance, cette bouffée d’illusion qui te nourrit bien plus que ce qu’il peut grailler en une journée.
Le vieux blanc t’a capté, ça y est, et ton sourire carnassier s’agrandit. T'accroches ton regard vibrant au visage de l’étranger, ne le lâche pas, ne le laisse pas filer. La bouffée monte en toi, envahissant ton cerveau de sensations fiévreuses, que les drogues ne font qu’amplifier. Le dernier client c’était déjà y a trois heures, l’euphorie est passée. C’est comme le crack, ça te fait flasher d’un coup, puis ça retombe, et faut recommencer. Sinon t’es pas bien, t’es irrité, t’es triste, t’es vide, tu sais pas pourquoi mais t’es tellement mal. T’es en manque.
Alors tu te fais une petite ligne de coke mal basée, te lève souplement, redresse son pantalon, fait craquer ta belle nuque, tes yeux n’ont pas bougés.

Putain Sangha, déjà ? lâche Chhay.
C’est clair Sangha, pose-toi un peu.

Mais tu ne peux pas, c’est plus fort que toi, plus fort que tout, et si quelque part en toi ça hurle de pas y aller, les battements de ton cœur et les élans de ton corps t’empêchent de l’entendre. C’est comme un aimant, comme un appel, tu n’es pas assez fort pour te retenir, tu n’as même pas envie. Tu n’a même pas compris.
Les autres si.

Bon ben on se retrouve à l’appart...

Sans entendre, sans répondre, Tu t’approcheras de ce qu’il croit être sa proie, étaleras ton petit jeu, laissant apparaître juste ce qu’il faut, de ton corps et tes mots, pour faire flancher l’étranger pataud. Tu ne sais pas, ne sauras jamais, que dans des cas comme ça, il n’y a qu’une seule proie. Que l’ogre n’a jamais le visage d’un Sangha.
Tu prendras la main de l’ogre, riras à ses blagues, flancheras à ses lubies, te donneras corps et âme, te donneras tout entier, pour mieux t’évader, te calciner, te décomposer, t’oublier, oui, surtout t’oublier.




Sangha !! Putain, j’vais m’le faire. SANGHA !

Donnie défonce la porte de la petite chambre que tu partages avec Sovann. T'as pas le temps de comprendre ce qui se passe, que déjà tu sens des mains puissantes te serrer le cou.
T'es encore dans ton lit, engoncé dans les couvertures et les résidus de dope qui enfument ton esprit. Tes yeux roulent un peu dans leurs orbites, tes mains tentent de repousser fébrilement la force brute qui, à présent, te sort du lit et te plaque contre le mur.

Tu crois qu’tu peux m’enculer, sale petite merde ? Tu croyais que j’le saurais pas ? Tu m’prends pour un con ?
N-Non Donnie, qu’est-ce qu...
La came, petit con, la came que tu devais passer à Ponleak. Il vient de m’appeler. Tu sais qui c’est, Ponleak ? Tu sais QUI c’est ? Tu connais son gang, tu connais ses gars ? Tu connais ses manières, Sangha ?
O-Oui...
Où est le reste, Sangha ?
C’est... Je l’ai...
Je je je beuh beuh, TA GUEULE !! Tu crois que tu pouvais faire ton malin et que ça se verrait pas ? Tu te prends pour qui ?? Tu sais pas que t’es rien sans moi ? Que tu serais dans la rue là, à te faire défoncer le cul par le premier venu ?
Oui, je, je sais.

Tu es blanc comme un linge. Les restes d’alcool et les mots de Donnie te donnent la gerbe, agressent tout ton organisme comme un millier de petites morsures de rats.

Je suis désolé, j’ai merdé...

Donnie te replaque d’un coup sec, ta tête heurte le mur. Ça danse sévère dans ta tête.

T’as pas merdé, saloperie, t’as juste voulu baiser des plus forts que toi. Parce que t’es que dalle Sangha, tu te crois fort mais sans moi t’es rien. TU-N’ES-RIEN. Tu sais ça ?
Oui.

Oui, tu sais très bien que tu n'es rien. Ça fait longtemps que tu le sais. Peut-être depuis toujours. C’est pour ça que tu as toujours eu un Donnie dans sa vie. Tu sais, tu crois, que sans eux tu serais encore moins que rien. Et Donnie sait tout autant ce que tu crois.
Donnie te fixe un moment de ses yeux rougis par la coke et la rage, les lèvres qui écument de bave, une tempe qui palpite à son cou, comme s’il avait sniffé du magma et avalé un serpent.
Puis il se dégage d’un coup, et ton corps s’effondre comme un tas de chiffon contre le sol, désarticulé, essoufflé, tout tremblant.

Écoute moi-bien maintenant. Aujourd'hui tu te débrouilles pour trouver le fric que TU dois à Ponleak et ses gars. Je veux pas entendre d'excuses. Après tout ce que j’ai fait pour toi Sangha ? Tous les sacrifices ? Tout ce que j’ai accepté, pardonné, donné ? Tout ce que je fais pour que t’aies une belle vie, une piaule, de la came, tout ce que tu veux ? Tu me fais ça ??

Ça fonctionne son truc, tu te sens carrément coupable.
Tu te sens franchement mauvais de l’avoir trahi, alors même que les sacrifices dont ton mac parle, t'en connais pas la couleur. Alors même que l’argent que tu lui rapportes, t'en connais pas l’odeur.

Ce soir, tu vas les enchaîner pour rattraper le coup de pute que tu m'as fait, ça te rappellera la place ou t’es. Tout en bas, Sangha, c’est là que t’es. Une petite pute. Ma pute, okay ? Déconne pas, Sangha, vraiment déconne pas. Rappelle toi ce qui s'est passé y a un an.

Tu t'en souviens très bien.
C'était dans la salle de bain.
Les souteneurs sont parfois les premiers ogres
Les souteneurs sont toujours les premiers ogres.

Tu te souviens si bien d'il y a un an qu'à cet instant, tu serais prêt à donner un rein pour éviter la salle de bain. Les informations, encore toute barbouillées, ont du mal à se concrétiser dans ta tête. Tu comprends qu’en une nuit tu vas enchaîner les clients. Tu comprends que tu dois beaucoup d’argent. Tu comprends que t'as merdé salement.
Et Donnie se casse.
Tu dis rien, fais rien, tu restes affaissé sur le sol, terrassé par des émotions que tu sais pas déchiffrer.

Sovann s’approche de toi. Quelques larmes timides finissent par te trahir. Ça coule tout seul, sur un visage figé, comme si de la pluie lui était tombé dans les yeux.

Qu’est-ce que t’as encore fait, Sang... Tu sais que tu peux pas faire ça. Tu sais que c’est dangereux, tu peux pas doubler Donnie. Il nous loge, il nous nourrit, il nous fournit. Il nous protège, ça a un prix.
Je sais, j'ai été con. Je sais pas, j’me suis dit que personne le verrait. J’me suis dit...
Mais tu fais toujours ça, Sangha. Tu te dis, tu t’imagines... Tu vois jamais plus loin. Au début tu séduis tout le monde, tu ramènes la thune et les gens, on t’adore, on se fie à toi, on te donne tout ce que tu veux... Et puis tu prends la confiance et tu déconnes, tu déconnes toujours, parce que tu « t’es dit que »... Que quoi ? Que des dealos se rendraient pas compte qu’il leur manque 200 ? Sangha... Tu vois c’est ça ton problème. Tu fais, et tu réfléchis jamais à l’après.

Tu te tais. T'aimerais répondre à Sovann que de toutes façons, pour eux, y aura jamais d’après. Mais à quoi ça sert, de dire des vérités laides que tout le monde connait.



Sapphire

T'es doué avec les armes. T'aimes bien les armes.
Parfois y a des bagarres, des guerres de territoire, souvent dans la nuit noire. Les ruelles isolées, les parkings désertés, les bâtiments désaffectés, sont le théâtre de violences coutumières, et tu es toujours là. Toujours partant. Toujours devant.
Tu défends avec toute sa hargne ton clan du moment, qui changera dans quelques mois ; tu sors ton couteau et plonge dans le tas. Aguerri jusqu’au bout des ongles. La violence est un défouloir à tout, tout ce qui bouillonne en toi et ne sort pas, mais aussi une façon de prouver ta valeur, ta volonté, ta loyauté, et tu dois toujours te prouver, à toi-même pour commencer. Ta voix avait même pas encore muée, que tu te ruais déjà dans les bagarres avec cette énergie bizarre qui elle seule sait te donner la sensation d'être vivant.
A douze ans tu savais déjà manier les couteaux et provoquer les rivaux. Tu savais déjà ignorer la peur du sang et du caniveau. Elle est là pourtant, mais faut te voir, quand tu te bats. Plus rien n’existe, tout ton corps est au service de la violence, tu sautes et t'esquives comme un félin, tu fonces et percutes comme un requin. Ton efficacité, elle vient pas d’un don du ciel, parce que tu t'es cassé plus de dents que t'en as pétées. Peut-être que ça vient juste de l’expérience et la croyance. Parce que tu te crois brave et fort comme ça. Tu crois que t'es beau quand tu fais ça.
Au final tu sais autant te défendre que te donner : dommage que tu te sois trompé de combat.

Tu passes à tabac des gamins au même visage que toi, aux mêmes trous aussi, et pourtant c’est pas vraiment des ennemis. Ce sont d’autres Sangha, qui ont fui de ville en ville, de mac en mac ou de mec en mec, de galère en galère. Comme toi.


Toutefois il y a des choses qui brillent pour toi Sangha, des trucs, des êtres que tu remplaceras pas. L'une de ces choses s'appelle Sapphire.

Sapphire est la seule à t’appeler : "mon petit chou" ; c’est aussi la seule à panser tes plaies quand un client s’est défoulé ; c’est aussi la seule à le piquer proprement quand tu trembles trop ; c’est aussi la seule à éponger tes interminables sanglots, quand l’amure de se fissure.
Elle vit dans une roulotte, entourée de petites guirlandes lumineuses qui grésillent parfois, et de la musique jazz résonne toujours à travers les vitres embuées.
Ce soir-là, juste avant le coucher du soleil, t'y vas.

Ah c’est toi mon chou, entre.

Sangha s’engouffre dans la roulotte et plonge direct sur le canapé moelleux, parsemé de petits coussins dépareillés. C’est très joli chez Sapphire, en vérité.

Qu’est-ce qui ne va pas, Sangha.

Sangha souffle pour seule réponse, tandis que Sapphire ôte sa perruque de ses gestes toujours maniérés, puis s’installe à sa petite coiffeuse où prolifèrent d’innombrables produits de maquillage.

Allez, parle mon petit, j’ai pas toute la nuit.
J’ai fait une connerie.
Hmhmm.
Non mais tu comprends pas...
Chéri, je suis une femme trans noire de cinquante ans sans un rond dans un pays qui casse encore du pédé tous les jours, je pense que je peux comprendre ce que c’est d’être dans la merde.

Tu rougis. T'es bête, des fois.

Allez, parle.
Tu sais, Donnie me demande souvent de livrer les paquets.
Hmhm.
Alors je l’ai fait... Je le fais depuis que j’ai que j’suis petit alors il me fait confiance.
Hmhm.
Et là je... La dernière fois... Je me suis dit, si j’en prends un peu, ça se verra pas... et...
Oh Sanhga. Pourquoi t’as fait ça. Tu sais qui sont ces gens ??

Sapphire s’est tournée vers toi, sa voix est devenue dure tout d’un coup, comme un éclair dans un ciel clair.
Tu se sens stupide et honteux, personne t’écoute, personne te comprend. Personne veut te faire croire que c’est pas grave tout ça. Personne te dit ce que t'as envie d’entendre, et ça t'énerve, ça remplit ton trou de cœur d’un horrible désespoir.
Un baume humide s’étend à la bordure de tes longs cils.

Qu’est ce que je vais faire, Sapphire ?

Tu pleures carrément maintenant, des larmes énormes dévalent de tes yeux charbonneux, tes lèvres tremblent comme des feuilles d’automne au bout d’une branche morte.

Oh viens là, mon chéri.

Tu te réfugies dans les grands bras de Sapphire, tu la serres fort, tellement fort, comme si tu te raccrochais au bord d’une falaise pour ne pas tomber, parce que cette fois tu ne veux pas tomber, pas maintenant, pas comme ça. Pendant très longtemps, tu la lâche pas. Sapphire a mal mais elle le dit pas.

Tu pleures des minutes entières, tu pleures pour ta connerie ou pour toutes les autres, tu pleures pour la violence, pour la terreur, pour la douleur. Tu pleures parce que t'as pas le fric et que tu l'auras pas, tu pleures parce que t'as pas envie d’être ce soir, et tous les autres soirs. Tu pleures parce que t'as pas pu être un enfant et que du coup ça t'empêche d’être grand. Tu pleures jusqu’à ce que ton corps soit aussi asséché qu’un désert.
Ça arrive de temps en temps, puisque tu n'as que deux états, l’absolu détachement ou le grand débordement, y’a pas d’entre deux chez toi, Sangha.

Ecoute-moi. Tu dois t'en aller maintenant.

Tu t'écartes, doucement.

Quoi ? Non, je peux pas... J'ai des choses à-
Sangha.

Tu recules, doucement.

Je veux pas te laisser. Et Violet. Et... Et Lui ?

Ecoute-moi, Sangha. Moi c’est trop tard. Toi t’as dix-sept ans, t’as une chance insolente de pas être déjà mort, t’as une chance de fou d’avoir encore un coeur qui bat Sangha. Mon chéri. Lui, il te lâchera comme il a lâché ceux d'avant. Il te fait barbotter dans l'emprise et la dépendance pour t'empêcher de t'envoler, mais dès que tu seras trop vieux pour lui mon chéri, il te laissera tomber. Arrête de croire qu'il est gentil. Il est pas différent, il est juste intelligent Sangha, il sait ce dont tu as besoin, envie. Et moi aussi. Je sais pourquoi tu cherches les emmerdes, pourquoi tu testes tes limites, pourquoi ça s’arrête jamais Sangha, mais j’ai pas envie que tes petits couteaux finissent par ne protéger que tes jolis os. J’ai pas envie de te laisser faire, Sangha.

Tu tournes la tête, doucement.

Tu vas m’écouter maintenant. Tu es venu pour que je t’aide, je vais t’aider. Je vais te donner de l’argent, ce sera pas assez. Tu te débrouilleras. Tu te casses d’ici, Sangha. Tu te casses pour de bon. Tu recommences autre chose, autre part. Tu t’en vas. Y’a plus rien pour toi là.

Tu rechignes même pas, te révolte même pas. Te casser, t’évader, pour échapper à des flics ou des gangs, des embrouilles ou des vérités, tu sais faire, tu l’as toujours fait. Tu vas plus vite qu'un feu de forêt quand il s’agit de courir, Sangha. Tu sais déjà voler, avec ta propre poussière de fée, tes propres rêves éveillés, tes propres adultes qui te courent après.

Sapphire te donnera à manger, parce que ça fait deux jours que t'as rien avalé, quelques fringues, quelques billets, et même une... une plante.
Sapphire te tend un pot, avec une seule mini plante dedans. Tu prends le pot couleur brique du bout des doigts, tu sais même pas quel type de truc c’est. Sapphire plaque ses deux mains à la manucure impeccable sur les épaules du gamin qui fait une tête de moins qu’elle, et le fixe intensément. Sa voix est redevenu toute douce, basse, gentille.

Sangha, tu sais pas t’occuper de toi. T’enchaines les embrouilles et les mecs abusifs. T’enchaines les drogues, les bagarres, les types louches, ton corps va craquer Sangha. Tu es malade, Sangha. Comme moi. J’ai connu ça, moi aussi, l’ivresse d’une vie sans lendemain, sans attache, sans rien. Vivre à 100 à l’heure, c’est pas vivre Sangha. Tu te crois immortel, parce que t’es tout jeune et tout beau encore, mais un jour Sangha, y aura le coup de trop, la piquouse de trop, le mec de trop. Un jour tu vas y passer Sangha, et ce sera pas beau.

Tu regardes tes pieds. Tu voudrais répliquer, esquiver, alléger, mais y a plus de mot. Dépouillé, le grand oiseau, les ailes de cire sont toutes déplumées.

File à présent. Je t’aime, mon chéri. File d’ici avant de te faire attraper. File une dernière fois.

Tu t'en vas, des larmes dans les yeux et une plante dans les mains.
Tu erreras des heures dans la rue vide et bondée, sans savoir où aller.
Tu iras chez elle alors, c’est encore le seul endroit où tu es en sécurité.



Violet

Chez Violet, t'as jamais passé la porte. Tu passes par la fenêtre. Votre amitié est aussi improbable qu'indispensable dans ce monde enragé.
Violet, c’est celle avec qui tu fais la bringue sur la plage quand la nuit tombe, que vous dansez sur du Cardie B en fumant des joints sans penser au lendemain.
Violet, c’est elle que t'écoute gravement quand elle te parle de ses problèmes, sans jamais t’en foutre, sans jamais juger, sans jamais alléger. Parce que même si ça parait futile de loin, jamais les soucis de Violet te paraissent n’être rien.
Violet, c’est elle qui te récupère quand t'es tellement foncedé que t'arrives même plus à parler, que tu peux que t’écrouler sur son joli lit, et qu’elle vérifie ton pouls et ton souffle pour être sûr qu’il va pas clamser.
Violet, c’est elle qui t’écoute aussi, quand tu racontes l’histoire de la camionnette dont t'as cru jamais t’échapper, quand tu te fous de la gueule des clients moches qui pleurent de regret, quand tu rencontre un énième mec qui te fait croire qu'avec lui ta vie va changer.
Violet ne gronde pas, n’aggrave pas, ne culpabilise pas, Violet ne juge jamais, Violet sait qu'avec toi faut pas faire de leçon, faut juste t'écouter. Elle veut juste montrer qu’elle est là. La fenêtre de sa chambre est toujours ouverte, et c’est pour toi Sangha.
Elle est même la seule à connaître ton premier prénom, que sans elle t'aurai presque oublié. Arun. Soleil du matin. Violet connait tes traumas même quand toi tu les connais pas.

Tu t'attardes parfois sur les photos de famille dans la maison de Violet quand elle est vide. Des blancs au sourire de dentifrice qui te rappellent tes rêveries de publicité. Tu te surprends à t’y attarder, à les effleurer, les retracer, comme pour t’en imprégner.
C’est bizarre votre amitié, vos deux mondes qui se confrontent mais trouvent toujours un moyen de se lier. Quand entre deux clients, tu reçois un message stupide de Violet, ben pendant quatre secondes, t'auras échappé à ta réalité.

Sangha est la touche de folie dans le monde trop normal de Violet, Violet est la touche de normalité dans le monde fou de Sangha. Ça compense, ça s’équilibre, ça marche vraiment.
Y’en a pas un qui souffre ou qui gagne plus que l’autre, parce que l’absurdité et la violence du monde, elle vous a percuté tous les deux.

Alors quand Peter Pan profitera de la fenêtre toujours ouverte pour venir vous chercher, peut-être au bon moment, peut-être au dernier, tu regarderas Violet, Violet te regardera.

― On y va ?
― Ouais. On y va.



Sangha

Sangha, tu n’as pas dix ans. Tu n’appartiens déjà plus à tes parents. Tu t’es jamais appartenu à toi-même, jamais vraiment. Tu t’en souviens, Sangha ? Tu te souviens de Monsieurs Gentil ?
Des Monsieurs Gentils, tu en as connu des dizaines, des centaines. Ils se ressemblent tous. Au creux de leurs mains et leurs regards rougeoie une flamme semblable que tu sais reconnaître entre mille. De l’extérieur, on peut croire qu’ils sont différents. Mais toi tu sais Sangha, tu sais déjà, qu’ils viennent tous du même monde et parlent tous la même langue. A force, c’est devenu ton monde et ta langue.
Tu ne peux pas savoir, Sangha, qu’il existe une autre voix, une autre voie. Une autre façon de vivre et de grandir, une autre façon d’aimer. Tu ne sais même pas que c’est condamnable, ni même condamné, que ces gens-là sont mauvais. Tu ne sais même pas que c’est grave. Tu n’es pas capable de comprendre ces choses-là. A dix ans comme à dix-sept ans Sangha, tu ne comprendras jamais ces choses-là.

Si tu t’es si bien adapté au Pays de Jamais Sangha, c’est peut-être parce que toute ta vie d’avant s’est passée sur une île hermétique et faussée, tragique et déformée, un Pays de Jamais sans soleil ni fées. Avec ses propres chimères et ses propres perdus. Avec ses propres noms qui changent au rythme des souvenirs bouffés. Avec ses propres lois qui font bannir les grandis désuets pour mieux exposer les petits tout frais. Avec ses propres aventures ardentes et éphémères, qui s’enchaînent au même rythme effréné, s’enchaînent pour mieux s’oublier, et ça marchait. Là-bas aussi, ça marchait.
Sauf que sur cette île-là, tu vois, il n’y avait pas d’enfants rois.
Dans ton pays, Sangha, ce sont les pirates qui font la loi.

Ton pays Sangha, que ce soit le Cambodge d’où tu viens, la Thaïlande où tu as atterri, les appartements sans âme ou les chambres d’hôtel, les clubs spécialisés ou les trottoirs d’habitués, tous tes pays sont des pays d’adultes aux sourires viciés et d’enfants aux sourires cassés ; ceux qui comme toi, collectionnent autant les cadeaux que les injures. Pour chaque injure, un cadeau. Pour chaque cadeau, une injure.
Et dans ce pays-là Sangha, tu es très gâté.

Monsieur Gentil l'a compris.
Monsieur Gentil fera ce qu’il veut de tout ton toi. Tu ne te débattras même pas. Quand à la fin, tu découvriras des larmes séchées sur tes joues, tu ne les comprendras pas. Tu ne comprendras jamais que le venin des serpents peut être transparent. Certains sont même suaves et sucrés, comme la drogue qu’ils donnent pour endormir les réflexes de survie et l’intensité des cris. Tu ne comprendras jamais que tu as eu mal, et peur, et honte, que tu n’as jamais voulu ça. Tu ne comprendras jamais qu’on t’a blessé. Ça fait trop longtemps que tu fais taire ta petite voix, comment tu pourrais l’entendre pleurer ?
Alors tandis que Monsieur Gentil met un beau peignoir blanc et tend un verre de vin blanc à un gosse de dix ans, tu lui fais ton plus beau sourire et tu te prends à rêver qu’il ne te quitte jamais. Tu tombes sous son charme, son charme bien rôdé, ce charme plus redoutable qu’un sortilège que les gens de son espèce savent maîtriser.
Il est gentil, bien plus gentil que d’autres Monsieurs. Ceux qui, dès que la porte se referme, laissent fondre les jolies façades au visage bienveillant, et frappent, lancent, attachent, hurlent, écrasent, violent. Tu as l’habitude de ces Monsieurs là aussi pourtant, et là non plus tes larmes ne coulent jamais longtemps. A choisir, il vaut mieux ramener l’argent, car les souteneurs ont leurs propres lois et leurs propres terreurs.

Sangha, t’as dix ans. Les Monsieurs, gentils ou méchants, font partie intégrante de ta vie. Tu les reconnais, les analyses, les renifles de loin, avec leurs manières, leurs regards, leurs approches qu’ils croient subtiles. Tu les attires, après. C’est ton grand jeu, ça. Faut pas te juger sur ça. Tu connais que ça. Tu as besoin de ça.
Sans ça Sangha, tu penseras que tu n’as rien, que tu n’es rien. Tu dois remplir la coquille vide de faux amours, de fausses paroles et de fausses vies, encore et encore, encore et encore, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de toi. Tu aimes t’imaginer te noyer, te désintégrer, exploser en supernova.

Puisque Sangha, tu n’es fait que de pulsions, de vie ou de mort, tu n’es mué que par les élans détraqués de ton propre cœur, tu n’es en vie que grâce aux besoins insatiables de ton propre intérieur, celui de se consumer, se consommer, dans les drogues et les violences, les rêves et les offenses. Tu te laisseras toucher, embrasser, griffer, déchirer, absorber, briser, pénétrer, mangé, tué. Tout ça t’appelle, te pousse à survivre chaque fois un peu plus, à revivre les mêmes chocs et les mêmes outrages, c’est un putain de manège incessant dont tu ne peux pas s’extraire. Comment tu pourrais retrouver la stabilité d’un monde plat et réel, aux contours bien dessinés, aux sentiments bruts, aux sensations maîtrisées, non, rien que l’idée te bouffe d’anxiété, tu peux même pas l’imaginer. Ce serait trop dur. Vaut mieux rester sur le manège, qui va trop vite pour qu’on y voit quoique ce soit, ça fout la nausée mais au moins on voit rien.

Et si on te demande : « comment ça va » tu répondras que tout est cool, regarde la belle came, la belle fringue, regarde mon sourire à peine sanguinolent, regarde dans quel état on m’a mis toute la nuit, c’est trop drôle, j’ai failli y passer. Sangha tu vois t’es même pas une fée, même pas un sentiment à la fois : juste une série de rien et de flammes, de vide et de drames, dont tu n’auras jamais, jamais conscience. C’est peut-être pour te protéger. C’est peut-être qu’on t’a jamais expliqué. C’est peut-être qu’on t’a déjà trop amoché.

Sangha, t’as dix-sept ans. T’as jamais rien connu d’autre que ce monde conçu par et pour les adultes, où les enfants ne sont pas protégés mais écorchés, où les enfants ne sont pas choyés mais exploités, où les enfants ne sont pas gagnants mais dévorés. Tu ne connaîtras rien d’autre que cette vie où s’abîmer dans l’alcool, la drogue et les sévices, c’est la seule issue, que c’est même beau quelque part, une vie ravageuse et intense, une vie de charme et de violence, une vie sans lendemain. Sans rien. Une vie de fuite en avant.
T’y croiras jusqu’au bout, Sangha. Quand Peter Pan débarquera, tu y croiras encore. Tu t'enfuiras encore. Et comme ton tout petit roi, t'auras toujours du mal à comprendre que c'est pas une sacrément grande aventure, la mort.



L'Unique au monde

♡ Salvo est très gay.

♡ Salvo a plusieurs piercings et tatouages, sur toutes les parties du corps. Sur le poignet il a un demi papillon, qu'il partage avec Violet. Il y a aussi des symboles, des fleurs, des flammes, des crânes, des dragons, des armes, et beaucoup de phrases, de trucs qu'on comprend pas.

♡ Salvo a toujours la plante verte qu'il a emmené de l'Ordinaire. Il y tient très fort.

♡ Salvo fait la collection de couteaux. Il en a de toutes sortes. Il n’y en a qu’un seul qu’il chérit vraiment pourtant. Celui qui lui vient de l’Ordinaire. Son premier cadeau. Un cadeau de merde et de violence pour une vie de merde et de violence. Mais il y tient, c’est comme ça. Il l’appelle juste « mon couteau » et il y a un S dessus.

♡ Salvo adore les enfants. Il penserait pas qu'ils les aimerait autant. Il leur fait ses tours de magie bidons ou leur fait faire l'avion. Il en oublie parfois qu'il est chef, dis donc.

♡ Salvo a des difficultés d’attention et de concentration. C’est l’aspect de son travail le plus difficile. Fabriquer, améliorer, enseigner, entrainer, s’entrainer, il sait. Foncer dans le tas, ses couteaux harnachés de la tête aux pieds, il sait. Mais mettre au point des stratégies, préparer, superviser, tout ça c’est compliqué. Sharpy l’aide encore alors, en secret, et Salvo apprend, car pour la première fois, il est responsable d’autres êtres que lui. Et ça, ça a tout changé dans sa vie.

♡ Salvo est très bon en combat rapproché, en tous cas quand il est lucide. C'est pas qu'il est spécialement excellent, juste qu'il se battait tout le temps dans sa vie d'avant. Même s'il s'en est jamais pris aux vrais méchants.

♡ Même si les couteaux demeurent sa première obsession, il est fasciné par toutes les lames. Les épées, les sabres, les dagues, les coutelas, les kunais, les machettes, les katanas, il veut tout comprendre, tout tester, tout perfectionner. Neverland lui a montré qu'ici on a le droit de se défendre, alors Salvo va pas s'en priver.

♡ Salvo fait d'ailleurs preuve d'une créativité insoupçonnée dans la conception d'armes. Il ignorait qu'il pouvait être doué en quelque chose d'autre que... que ses anciennes activités. Il a réussi à inventer une multitude d'instruments de combat, et même si ça marche pas à chaque fois, il est assez fier de ça. Il peut construire des choses, en fait. Il savait pas.

♡ A la base, son surnom vient simplement du fait qu'il joue tout le temps, machinalement, avec son vieux briquet ― il fume comme un pompier. Mais ça s'est concrétisé quand à force de travail et s'essais ― où il a bien pris cher, parce que Salvo s'exerce surtout sur lui, quitte à être une tête brûlé ― il a trouvé une technique : enflammer momentanément certaines armes, comme des flèches ou des lames, pour chasser ou combattre. Certains disent que ça vient de sa rencontre avec une fée.

♡ Salvo fait tout pour être un bon chef, mais il lui manque beaucoup de clés. Il est très éparpillé, dispersé, distrait, il a du mal avec l'autorité et la responsabilité. Il a pas eu le temps d'être accompagné. Alors au moins, il se passionne pour son travail, pour trouver des techniques de combat variées, pour créer des armes nouvelles, pour entrainer tous ceux qui lui font confiance. Il a jamais autant fait d'efforts dans sa vie, il espère juste que ça suffit.

♡ Les drogues prennent encore trop de place dans la vie de Salvo, qui est parfois prêt à tout pour en avoir, surtout dans ses moments de manque. Il essayera toujours de se lier avec les autres drogués ― qu'il reconnait toujours ― car entre eux ils se savent, pour partager, pour gratter, marchander. Il a pas réussi à décrocher. Il a essayé, mais Salvo manque toujours de volonté, dès que ça devient difficile il laisse tomber. Les addictions et les pulsions, ça a toujours régit sa vie. Y compris les plus sombres et les plus ancrées. Quand il a peur, qu'il doute, qu'il cogite, en fait dès qu'une émotion négative et envahissante le traverse, Salvo se shootera. Pour la faire partir, comme une mouche, d'un geste du bras. Il sait pas faire autrement. Il a les bras constellés de trous, des veines pourries, il fume beaucoup aussi. Il s'invente beaucoup d'excuses Salvo, il se dit que c'est pour être plus stable et plus efficace, pour être un meilleur chef, un meilleur combattant, un meilleur perdu. Il se voit pas quand il trébuche, quand il bafouille, quand il fixe le vide comme un zombie, quand il zappe une conversation entière tant il est défoncé. Il se donne s'invente toujours des prétextes, Salvo, il l'a toujours fait.
Et d'autres élans obscurs triturent encore son cœur cabossé, d'autres pulsions, d'autres dépendance, d'autres aliénations, qui n'ont cette fois pas vraiment de nom. Il se bat et se débat, à l'intérieur où personne ne voit, mais c'est difficile, quand ta vie d'avant c'était que ça.

♡ Son sourire mutin, sa belle vélocité et sa dégaine stylée empêchent certains enfants de le remarquer, mais non, Salvo n'est pas en bonne santé. Il se fatigue vite et il le supporte pas, il veut pas se poser, se reposer, s'épargner. Pas physiquement, jamais. Peut-être que le fait de vivre sur une île qui permet de ne plus grandir l'a sauvé. Mais son sang est intoxiqué, par les produits et la maladie, et ça, ce sera sûrement à jamais.

♡ Salvo tombe hyper facilement amoureux. C'est pas dit que ce soit du vrai amour, parce que c'est dur de dire ce qui est très vrai chez Salvo, mais il drague souvent, joue son petit jeu, plutôt innocemment en vérité. Salvo aime par-dessus folâtrer, batifoler, jouer. Il n'aime pas quand c'est sérieux, quand c'est lourd, quand c'est grave. Ça le stresse, le crispe, ça l'alourdit. Salvo évite les conversations sérieuses et les sujets graves, les mots en plomb, ça l'affaiblit. Les nuages, c'est confortable aussi.

♡ Salvo doit son nom au fait que quand il est arrivé, il a fait un tour de magie qui a provoqué une salve d’applaudissements de la part des enfants ― y compris Peter Pan ― mais aussi parce que lors de sa première démonstration d’armurier il a sorti un flingue et a tiré une salve de balles sur un tronc pour en faire démonstration. C’est ainsi que la première règle que Salvo a appris c’est qu'ici les armes à feu ne sont pas autorisées. On lui a confisqué puis détruit son flingue, et franchement il le regrette pas vraiment. Il parait que c'est en fait Freckles qui l'a nommé.

♡ Salvo change souvent de coiffures, il a parfois les cheveux longs, parfois rasés, parfois noirs, parfois roses, ça dépend juste de ses envies. C'est toujours Violet qui lui fait. Il adore aussi se maquiller, porter des crop top et des semelles compensées, faire la fête, s'amuser, embêter les gens trop sérieux, flirter avec les plus frileux, rassurer les plus peureux. Il ne va jamais trop loin toutefois, avec Salvo, tout est en surface. La profondeur, ce n'est pas pour Salvo, il préfère marcher sur l'eau.

♡ Le rêve de Salvo, c'est que tout le monde l'aime comme lui aime tout le monde.



L'île

Comment vis-tu ta vie à Never Never Land ?  
Tu savais pas qu’il existait un endroit comme ça. Tu savais pas que c’était possible, un monde d’enfants. Un monde où les enfants s’organisent, s’autogèrent, se battent, se défendent, vivent et tuent. Un monde où l’adulte est l’ennemi. Un monde où on peut massacrer un gaillard qui dans une autre vie t’aurait démoli. Y a pas un Garçon Perdu plus volontaire, plus investi, plus perdu que toi, Salvo. Ton existence au Pays de Jamais, et ça ça veut bien tout dire, c’est tout ce que t’aurais jamais pu être et avoir. T’aurais même jamais osé en rêver. Never Never Land, c’est le monde que t’as embrassé de toute ta force et ta foi sans attendre d’en connaître les règles et les pièges, parce que de toutes façons ça vaudra le coup. C’est le monde de ta revanche et de ta liberté. T'as tellement hâte de tout oublier.


Qu'éprouves-tu pour l'Ordinaire ?
Parfois Salvo, on dirait que tu bug. Ton regard s’égare, ton visage se fige, tes oreilles se ferment. On dirait un robot qui aurait plus de jus. C’est juste que tu t’es perdu dans l’autre monde, le passé, l’avant, et c’est pas toi qui le veut, c’est lui qui te rattrape. Ça va, ça arrive pas souvent. Il suffit de t’appeler un peu fort ou te secouer l’épaule, et tu diras « ouah désolé j’pensais à un truc con ! », tu renfileras ta dégaine et ton sourire et tu passeras à autre chose. En plus t’auras même pas menti.

Alors non, l’Ordinaire pour toi, qui n’a jamais rien eu de très ordinaire, c’est juste comme un vieux cauchemar poisseux qui te visite de temps en temps, en attendant que l'Oubli efface tout ça tout doucement.


Que représente Peter Pan pour toi ? Et le capitaine Hook ?
Ça t’éclate, que le roi de ce monde sans limites soit un gamin qui a encore ses dents de lait. Sans le savoir, sans que tu le saches trop non plus, Peter Pan participe à ta revanche. Un enfant roi, c’est avant tout un roi enfant. Et ça, tu savais pas que ça existait. Peter Pan t’impressionne, par ce qu’il a réussi à créer sans jamais avoir eu besoin des adultes, par la société qu’il a fondé en recréant comme toi des familles à son gré, Peter Pan c’est ce que t’aurais voulu être, ce que t’as jamais été. Et sa simple existence t’a montré qu’on pouvait couper les mains des méchants et continuer à voler.

Alors si Peter est le roi enfant, Hook est le roi méchant. Tout le dégoût, le mépris, la douleur, la peur, la haine des adultes que tu as refoulés toutes ces années se sont cristallisés sur lui. Hook est le chef des adultes, et tu adhères de tout ton coeur à cette version sans mesure et sans nuance de la réalité.
Quelque part au fond de toi, là où tu es cassé, car Neverland ne t’a pas réparé, quelque part il existe un drôle de sentiment mêlé, un espoir infecté qui te fait toujours espérer que tes tortionnaires, peut-être, pourraient t’aimer.
C’est ce même petit endroit en toi, un de tes multiples trous qui se serait creusé, une de ces multiples voix rappeuses qui te viennent du passé, qui te donne envie d’aller au Port, juste pour voir tu parviendrais toujours à provoquer les mêmes flammes dans les regards ― les adultes de l’île de jamais. Pour l’instant tu parviens à faire taire cette toute petite voix, à ignorer le trou dans la multitude d'autres, mais dans les heures sombres où ton sourire s’écorne et tes certitudes flanchent, tu as peur que cette pulsion de coeur, de corps, de mort, l’emporte. Il suffirait d’une fois. Et ça, Salvo, tu sais que tu ne le maitrises pas.


Développe ta chronologie en dates ou en intrigue :
Salvo est arrivé en même temps que Violet, juste après le Givre Mortel, pendant le Renouveau du Printemps.
Il est devenu Chef des Armuriers quelques temps après son arrivée, désigné par Sharpy.





Salvo

Neverland est ton dernier pays.
Pour toi Salvo, c’est un vrai paradis.
Tu as donné ton nom, comme un vieux jean usé, comme tous les autres que t’avais abandonné.
Tu as donné ton ombre, car ça te va très bien, d’être encore plus léger.
Tu as tout donné pour cette société cachée, ce pays où les gamins sont plus forts que les vieux. Ce pays où il suffit d’y croire pour être heureux. C’est facile pour toi. T’aimais déjà bien ça, te perdre et t’oublier. T’aimais déjà bien ça, te battre et t’envoler. Vivre dans un rêve éveillé.

T'as la classe, avec ta dégaine de voyou et ton charme de bandit. Avec ton charisme fougueux qui laisse penser que rien peut t'atteindre. Avec ta façon de jouer avec une lame ou une flamme sans même y songer. Ouais, tu sais te battre, tu sais rire, tu sais jouer, tu sais épater la galerie de tes lancers de couteaux et tes tours de magie, tu sais t'intégrer à ceux qui ont déjà tout oublié.
T’es ce grand gamin exubérant, toujours rieur et un peu frimeur. T'as pas de filtre Salvo, aussi expansif qu'un gamin de trois ans, aussi émotif qu'un ado de treize ans. Tu veux être l'ami de tout le monde, les petits comme les grands, écouter leurs histoires et raconter la tienne, mais pas la vraie, celle que t'auras inventée, arrangée. Ici personne connait ton passé, tu peux jouer ton rôle de petit loubard stylé, même Violet va pas t'en empêcher. Tu voudrais juste tout oublier, être né une deuxième fois, montrer que le meilleur de toi. La plupart te voient comme ce grand oiseau que tu es, qui peut pas s'empêcher de rire et de toucher, qui ne sait pas se poser, malgré ses ailes abimées. Du moment qu'ils t'aiment... Tu es prêt à tout pour que ce soit le cas.
Et des fois ça marche pas.

Parfois Salvo, t'es juste un peu trop. Tu fais le grand mais t'es avant tout un petit truc défaillant, tu comprends pas les limites des gens, tu comprends pas quand tes câlins sont envahissants et que tes coups de chaud sont effrayants.
Tes rires résonnent et tes éclats tout autant, t'es un électron libre au besoin intarissable de contacts et de sang. Tu comprends pas le besoin de repos, de tranquillité, de distance. Tu comprends pas ceux qui repoussent tes élans d'amour. Tu comprends pas ceux qui supportent pas la violence.
L'amour et la violence, ce sont tes seuls moteurs.
Salvo t'es une pulsion en forme de garçon.

Y a ton autre visage aussi, celui que tu veux pas montrer, celui qui déborde de ces putain d'émotions que tu sais pas comprendre, ni gérer, ni nommer. Elles te frappent comme la foudre et te noient comme la mer, et pourtant si t'es pas courageux t'es au moins téméraire.
Tu veux pas qu'on te voit comme ça, tu veux pas qu'on sache, alors quand les larmes montent, que la colère vient, que la peur s'étend, tu vas te cacher, tu hurles, tu pleures, tu cognes, tu te déchaines. Et tu reviendras comme avant.
Tu supportes pas la solitude pourtant, mais tu veux pas qu'on devine que t'es pas si vaillant. Tu crois que personne sait quand t'es défoncé mais on voit tes yeux qui tombent, on entend tes mots indolents, ta démarche en zigzag. C'est juste pour mieux faire semblant, mais les gens sont pas teubés Salvo, et les gens sont pas si méchants.

C'est bête Salvo, parce que t'es pas si laid quand t'es humain, quand t'es vacillant.
Juste une pulsion en forme de garçon.


Sharpy

Sharpy ? Tu veux me parler ?
Oui, Sal. Viens.

Le chef des Armuriers, ton chef ― tu l’aimes bien, beaucoup ― te toise longuement.

Bah dis moi, qu’est-ce qu’y a ? Tu veux un bisou ?
Arrête. C’est sérieux. C'est grave. J’ai besoin que tu sois sérieux, Salvo.

T'as rien dit.
T'aimes pas les mots de plomb, mais t'as pas fui.
Shary t'a dit qu'il y arrivait plus, il pouvait plus, c'était fini.
Sharpy t'a dit qu'il pensait qu'à toi pour passer après lui.
Sharpy t'a expliqué que non, des enfants qui meurent c'était pas la vie.
Sharpy t'a expliqué que les perdus, c'est comme ta plante, faut tout faire pour les garder en vie.
Petit à petit, Salvo t'as compris. C'est pas facile pour toi, qui as vu tes potes mourir bien avant d'avoir grandis.
Du jour au lendemain Salvo, tu es devenu Chef. Sharpy a décidé de te faire confiance, et c'est la première fois de ta vie, alors c'est un peu un cataclysme dans ta tête en toupie.
Tu vas paniquer. Tu vas même pleurer, tu vas vouloir te barrer. C'est Violet qui va te rassurer. Si tu peux le faire avec une plante, tu peux le faire avec des gens. Sharpy est intelligent, et si toi tu vois même pas un grain de talent, fais confiance à son oeil clairvoyant.

Tu vas sécher tes larmes et gonfler tes flammes.
Pour la première fois, on te permet d'être quelque chose, d'être quelqu'un, d'être important. On a mis de la confiance dans ton cœur asséché. On t'a tendu la main, et t'as pas le droit de la repousser. Pas celle-là, Salvo, pas celle-là.
Tu feras tout pour lui montrer qu'il s'est pas trompé. Tu essayeras, et y aura beaucoup de ratés. Faudra que tu comprennes que certaines choses sont graves, comme les blessures, les bagarres ou les morts. Faudra que tu comprennes que c'est à toi de protéger les autres parce que là c'est toi le plus fort.

Alors tu t'adoucis ou t'endurcis en fonction des contextes. Tu t'adaptes, dans tes mots et ses actes, pour aguerrir les grands et veiller les petits. T'apprends aux autres à se battre, mais t'as tout à apprendre aussi. Tu marches sur un fil, et là t'as plus le droit de plonger dans le vide. C'est le regard de Sharpy qui te l'a dit.

Alors avec Violet vous formez ce drôle de couple mal assort
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Petit roi du monde
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☽ Artifice ☾

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Moi





       

       

       




🔥  🔥  🔥



♡ Bad boy.
♡ Passionné par les couteaux.
♡ Regard embrasé. Peut-être le charme d'une fée.
♡  Toujours en train de jouer avec son briquet.
♡ Très tactile et rapidement familier.
♡ Aime tout le monde et veut se faire aimer.
♡ Look sexy et travaillé, aime le jean, le cuir, les cheveux colorés, les crop-top, les semelles compensées, son perfecto adoré.
♡ Tatouages et piercings. Beaucoup de fleurs et de trucs ratés.
♡ Dégaine de voyou, charme de bandit, a l'air bien plus rebelle qu'il ne l'est.
♡ Promu chef par Sharpy récemment. Honoré et flippé.
♡ Ancienne vie de trafic, de débauche et de violence. N'a jamais compris la gravité de ce qu'il a subi.
♡ Originaire du Cambodge, atterri en Thaïlande, a toujours fui, de mec en mec, de mac en mac,  de vie en vie.
♡ Accroc aux drogues dures et à ses propres pulsions.
♡ Sait faire semblant mais facilement débordé par ses émotions.
♡ Atteint du VIH, mauvaise santé, fume comme un pompier, mais refuse toujours de se soigner, se poser, se reposer.
♡ Sait très bien combattre et entrainer, mais ne connait rien à la stratégie. Encore guidé par Sharpy.
♡ Ne comprend pas ses propres peurs et ses propres traumas. Ne sait pas bien s'occuper de lui.
♡ Devenir responsable d'autres êtres que lui a changé sa vie.
♡ Mesure mal la gravité des choses, comme la douleur et la mort. Essaye d'être un bon chef, mais beaucoup à apprendre encore.
♡ Aime : les enfants, les tours de magie, faire des bisous, se battre, fabriquer des armes, le déni, la fête, l'alcool, batifoler, s'amuser,  rire,  l'oubli, la violence, l'amour, Violet.
♡ N'aime pas : quand c'est grave, quand c'est sérieux, quand c'est lourd, quand on le repousse, les conflits, les souvenirs, l'ennui.
♡ Se bat contre les élans infectés de son coeur cabossé, se bat pour ne pas aller au Port et tout recommencer.
♡ Grand oiseau de cire aux ailes abimées.




Évolution

🔥 Arrivé juste après le Givre, lors du Printemps inespéré.
🔥 Nommé Chef des Armuriers par Sharpy lui-même peu de temps après.





Dernière édition par Petit roi du monde le 25.08.22 22:16, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Salvo   Salvo Empty25.08.22 18:37



Les Aventures




★ Aventures en cours  ★

TITRE ☆ Compagnon de Jeu
résumé.    

TITRE ☆ Compagnon de Jeu
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TITRE ☆ Compagnon de Jeu
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★ Aventures finies  ★

TITRE ☆ Compagnon de Jeu
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TITRE ☆ Compagnon de Jeu
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TITRE ☆ Compagnon de Jeu
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Dernière édition par Petit roi du monde le 25.08.22 23:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Salvo   Salvo Empty25.08.22 18:55

les enfants


★ PETER PAN ★
Ça t’éclate, que le roi de ce monde sans limites soit un gamin qui a encore ses dents de lait. Un enfant roi, c’est dabord un roi enfant. Et ça, tu savais pas que ça existait. Peter Pan t’impressionne, par ce qu’il a réussi à créer sans jamais avoir eu besoin des adultes, par la société qu’il a fondé en recréant comme toi des familles à son gré, Peter Pan c’est ce que t’aurais voulu être, ce que t’as jamais été. Et sa seule existence t’a prouvé qu’on pouvait couper les mains des méchants et continuer à voler. T'as pas encore vu les failles Salvo, les points communs entre toi et ton roi, t'es encore tout ébloui de sa poussière de fée.



Les Chefs

★ FRECKLES ★
Celui qui t'a donné ton nom. Freckles est trop cool, sûrement le plus cool des chefs. Il est comme Salvo, il aime quand tout est léger. C'est aussi lui qui a fait à Salvo la visite de la Maison Sous Terre quand Salvo a déménagé suite à sa promotion. Freck est son ami, et ça se voit. Ca se voit toujours quand Salvo est l'ami de quelqu'un. Et en l'occurence, Freckles est vraiment son grand copain.


★ LACERATE ★
Ils adorent se battre ensemble dans l'Arène, et ce n'est pas pour s'entrainer, juste pour se défouler, se libérer, tout lâcher. Ils ont d'autres choses en commun pourtant, des choses difficiles, des choses violentes, des choses du passé, et Lace a bien senti quel genre d'oiseau était Salvo. [lien à développer en RP]


★ SCAR ★
Scar l'impressionne énormément. Si on était dans le Monde Ordinaire, Salvo aurait probablement tout fait pour attirer l'attention du Rouge, ne serait-ce qu'attiser sa curiosité, mais ici, il a compris que ça n'allait pas marcher. Salvo ne le sait pas, mais Scar et Sharpy étaient très amis. Il ne sait pas non plus que Scar l'avait déjà repéré, quand son ami lui disait qu'il voulait décrocher. [lien à développer en RP]



★ PIT ★
Pit aime les tours de magie, Pit aime le charme et les beaux habits, et comme d'autres Salvo fut séduit. Il tombera sous le charme de cette version de lui plus sucrée, plus assurée, plus dangereuse aussi. Parce que Salvo a toujours aimé les types comme Pit, au sourire enjôleur et au charme ravageur, sans se douter que leur coeur est aussi vide que lui. Aussi vide qu'une fausse, ici. [lien à développer en RP]



★ CREEPY ★
Blablabla.



★ SINNER ★
Blablabla.



★ STEALTH ★
Blablabla.



★ NOM ★
Blablabla.



★ NOM ★
Blablabla.







Les Armuriers


★ VIOLET ★
GAY LESBIENNE SOLIDARITE. Mais plus que ça, Violet est sa meilleure amie. Peut-être la seule, quand on y réfléchit. Ils sont venus ensemble, comme une évidence, fuyant leur vie de vide et de violence. Salvo l'aime comme une soeur, comme une chose infiniment précieuse, elle est la seule à avoir pris soin de lui, sans jamais le gonder, ni l'accabler, ni le juger. Et lui a toujours écouté ses soucis et ses secrets sans jamais les alléger. Parfois ils sortaient juste dans la nuit, faisant face à l'océan immense, en dansant toute la nuit sans regret. Leur amitié est aussi improbable qu'importante. Aujourd'hui ils forment ce couple mal assorti, et finalement ça fonctionne même ici. Salvo et Violet ont chacun un tatouage de papillon à la cheville, ainsi qu'une moitié de collier au coeur fendu avec inscrit "BFF". Oui, ils sont un peu kitch, aussi.


★ SHARPY ★
Son ancien chef. Il l'admirait et l'estimait, il l'admire et l'estime toujours. Sharpy a fait quelque chose que personne n'avait fait avant lui. Il a donné de la confiance dans le coeur de Salvo, il lui a tendu la main, lui a confié des vies, et Salvo a dit oui. Il a tout à apprendre, beaucoup à comprendre, en particulier la gravité des choses, comme la douleur et la mort. Il sait se battre, entrainer, fabriquer, mais niveau stratégie, survie, soin des petits, Salvo est pas très au point. Mais si Sharpy a vu en Salvo un espoir même infime, Salvo se dit qu'il peut y arriver. Il faudra faire beaucoup, beaucoup d'efforts. Heureusement, Sharpy l'aide et le conseille encore un peu, car c'est une première pour Salvo, lui qui n'a même jamais été responsable de sa propre vie.


★ NOM ★
Blablabla.



★ NOM ★
Blablabla.








Les Autres

★ APACHE ★
Salvo et Apache sont très amis. Ils l'étaient, en tous cas. Salvo a eu un crush sur Apache dès son arrivé, avec son look de rebelle assumé. Ils ont flirté vite fait, mais plus pour rigoler. Salvo est toujours très tendre avec Apache, à l'enlacer, le caresser, l'embrasser, mais toujours avec assez de distance et de respect pour que ça reste juste une drôle d'amitié. Salvo a entendu des rumeurs aussi, sur des choses qu'Apache a subi, et qui l'ont enragé. Il lui en a pas encore parlé. Salvo ne lui a pas encore dit qu'il était chef. Il ne sait pas qu'Apache risque de très mal le supporter. [lien à développer en RP]


★ TOOL ★
Tool prend ses distances avec Salvo car il est mal à l'aise face à ses démonstrations d'amour, et ça frustre un peu Salvo, qui essaye toujours. Malgré ça, ils ont trouvé un terrain d'entente... Un truc à fabriquer, un truc de dingue, un truc chanmé. Dommage pour Salvo, il a pas compris à quoi ça servirait. [lien à développer en RP]


★ SICK ★
Pote de shoot. On les connait les potes comme ça. Ceux qu'on tire et qui nous tire vers le bas, sans qu'on s'en rende compte, sans qu'on veuille le voir. Salvo adore Sick, il l'aime vraiment. Ils ont des fous rires et des élans de tendresse. Mais quand ils se voient, souvent dans le secret de la nuit ou les moments de répit, c'est toujours pour se défoncer. Salvo veut pas faire face à ça, Sick est cool, Sick est drôle, Sick est son amie.


★ NOM ★
Blablabla.



★ NOM ★
Blablabla.






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MessageSujet: Re: Salvo   Salvo Empty25.08.22 22:43

les vieux


Les Bateau

★ HOOK ★
Blablabla.



★ NOM ★
Blablabla.






Le Port

★ NOM ★
Blablabla.



★ NOM ★
Blablabla.








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MessageSujet: Re: Salvo   Salvo Empty25.08.22 22:45



Les Trucs

★ NOM ★
Blablabla.



★ NOM ★
Blablabla.






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MessageSujet: Re: Salvo   Salvo Empty25.08.22 23:25



Les Natifs

★ NOM ★
Blablabla.



★ NOM ★
Blablabla.






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